moyen orient

NOUVELLES INÉDITES : L'INCESTE, l'initiation de Cabanga

 

                                        Nouvelle :

                                                         L'INCESTE

 

            Des confins d'une oasis, où, a cause de la rareté des pluies, la terre devint si avare et le travail se fit rare. Mbark décida, ce matin-là de migrer vers une autre contrée où la vie pourrait être plus clémente et plus généreuse.

            Il ne savait ni lire ni écrire. Il n'avait de science que la connaissance des différentes espèces de palmiers dattiers, des diverses appellations de dattes. Il acquît le savoir, de père en fils, de ce que donnait la terre, dans ce coin retiré du Maroc, où le désert était de tout temps une menace inéluctable.

           Arrivé à Fass, il s'installa dans le quartier populaire de Boutouil. Très vite, il fit connaissance d'autres personnes, d'autres familles sahraouies, venues et établies, des dizaines d'années déjà.

           Un jour, il fut convié à une fête de mariage d'un cousin lointain. Comme il accompagnait le cortège qui allait demander la main de la jeune femme à marier, dans le brouhaha, le you you des femmes , les chants consacrés à la "Hdiya" : cadeaux des fiançailles et les danses, dévalant les ruelles étroites de la médina, comme le demandaient et l'exigeaient la coutume et les us d'alors. On lui passa un tambourin pour élever la cadence et mettre de l'ambiance. Mbark joua, comme il ne l'avait jamais fait auparavant.

           Ainsi acquit-il la renommée du meilleur " tambouriniste " du moment. Il devait être invité aux festivités des mariages et des circoncisions.

           Il devint : " Bibouch Dquaïqui "

           Des années passèrent. Il oublia sa contrée d'origine et sa femme aussi, avec qui, on dut le marier à un âge précoce, au bled. Ils n'avaient que quinze ans !

            Il eut son domicile fixe, se lia d'amitié avec la quasi totalité des habitants de Fès-Jdid. Il commença par bien faire des entrées d'argent. C'est dire que la cité de Moulay Driss : Fass était bien généreuse pour qui savait faire le bon salut sur Sidna Mohammed.

            Ses amis les plus intimes, le voyant ainsi devenu prospère, lui conseillèrent le mariage, suivant la Sunna et la Chariaâ, afin d'éviter la voie d'Iblis et lui intimèrent le meilleur parti de choisir une jeune fille d'une des familles de sa même contrée. Ce qui fut fait !

             En ce temps - là, les prétendants au mariage ne pouvaient ni avoir vu, ni avoir connu leur élue. Cela se faisait, les yeux fermés, le cœur plein de foi. Aussi cartésiens ils aient été, ils se fiaient candidement aux conseils des proches, des amis et des mères.

             Un bon mariage, comme  Mbark ne pouvait se l'avoir imaginé, lui, le sahraoui ! Il ne pouvait avoir à en rêver, s'il était resté dans sa lointaine oasis.

             Les jours passèrent et MBARK de prospérité en célébrité, de bonheur en extase,  avec sa jeune épouse. Ils s'aimaient et se partageaient tout. Tous les secrets de leur vie antérieure, jusqu'au jour où l'impensable, l'inimaginable arriva. Durant une de ces soirées calmes, sereines et romantiques, de question en réponse, il allait apprendre ce qui changerait totalement sa vie.

             La jeune fille qu'il prit pour épouse n'était autre que sa propre fille !

             Oui, elle était le fruit d'une relation furtive et extra conjugale, dans le secret des Kasbahs et des ombrages des palmiers de son oasis d'antan.

             Que faire ? Surtout ne pas raconter cela, ni à la famille de sa jeune femme, ni à ses proches, ni à ses amis, les plus intimes. Pas question !

              Il alla se confier à un Aâlim de la mosquée avoisinante et lui demanda conseil.

              L'Aâlim trancha sans détour aucun : 

              - Ta fille, " Ton ex-épouse ".  Tu ne la verras plus jamais. Suivant les commandements de Dieu. Tu finis avec le tambourin. De ce jour et jusqu'à la fin de ta vie, tu serviras de l'eau à boire aux fidèles fréquentant la mosquée.

             Ce qui fut fait. Pour, ainsi se purifier du péché de l'inceste.

              Les voies du Seigneur sont toujours impénétrables. Dieu a des "ayats" en sa création.

              La prostitution reste un péché, pour les malheurs qu'elle cause à la société, comme à la famille, dans sa sobriété, quoi qu'elle soit le vieux métier du monde !

 

                      Abdelmalek Aghzaf,

                                                        Fès, le 04/03/2014

 

               

 

              

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