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les nouvelles inédites

Nouvelle inédite : l'inceste

 
 
                                        Nouvelle :
                                                         L'INCESTE
 
            Des confins d'une oasis, où, à cause de la rareté des pluies, la terre devint si avare et le travail se fit rare. Mbark décida, ce matin-là de migrer vers une autre contrée où la vie pourrait être plus clémente et plus généreuse.
            Il ne savait ni lire ni écrire. Il n'avait de science que la connaissance des différentes espèces de palmiers dattiers, des diverses appellations de dattes. Il acquît le savoir, de père en fils, de ce que donnait la terre, dans ce coin retiré du Maroc, où le désert était de tout temps une menace inéluctable.
           Arrivé à Fass, il s'installa dans le quartier populaire de Boutouil. Très vite, il fit connaissance d'autres personnes, d'autres familles sahraouies, venues et établies, des dizaines d'années déjà.
           Un jour, il fut convié à une fête de mariage d'un cousin lointain. Comme il accompagnait le cortège qui allait demander la main de la jeune femme à marier, dans le brouhaha, le you you des femmes , les chants consacrés à la "Hdiya" : cadeaux des fiançailles et les danses, dévalant les ruelles étroites de la médina, comme le demandaient et l'exigeaient la coutume et les us d'alors. On lui passa un tambourin pour élever la cadence et mettre de l'ambiance. Mbark joua, comme il ne l'avait jamais fait auparavant.
           Ainsi acquit-il la renommée du meilleur " tambouriniste " du moment. Il devait être invité aux festivités des mariages et des circoncisions.
           Il devint : " Bibouch Dquaïqui "
           Des années passèrent. Il oublia sa contrée d'origine et sa femme aussi, avec qui, on dut le marier à un âge précoce, au bled. Ils n'avaient que quinze ans !
            Il eut son domicile fixe, se lia d'amitié avec la quasi totalité des habitants de Fès-Jdid. Il commença par bien faire des entrées d'argent. C'est dire que la cité de Moulay Driss : Fass était bien généreuse pour qui savait faire le bon salut sur Sidna Mohammed.
            Ses amis les plus intimes, le voyant ainsi devenu prospère, lui conseillèrent le mariage, suivant la Sunna et la Chariaâ, afin d'éviter la voie d'Iblis et lui intimèrent le meilleur parti de choisir une jeune fille d'une des familles de sa même contrée. Ce qui fut fait !
             En ce temps - là, les prétendants au mariage ne pouvaient ni avoir vu, ni avoir connu leur élue. Cela se faisait, les yeux fermés, le cœur plein de foi. Aussi cartésiens ils aient été, ils se fiaient candidement aux conseils des proches, des amis et des mères.
             Un bon mariage, comme  Mbark ne pouvait se l'avoir imaginé, lui, le sahraoui ! Il ne pouvait avoir à en rêver, s'il était resté dans sa lointaine oasis.
             Les jours passèrent et MBARK de prospérité en célébrité, de bonheur en extase,  avec sa jeune épouse. Ils s'aimaient et se partageaient tout. Tous les secrets de leur vie antérieure, jusqu'au jour où l'impensable, l'inimaginable arriva. Durant une de ces soirées calmes, sereines et romantiques, de question en réponse, il allait apprendre ce qui changerait totalement sa vie.
             La jeune fille qu'il prit pour épouse n'était autre que sa propre fille !
             Oui, elle était le fruit d'une relation furtive et extra conjugale, dans le secret des Kasbahs et des ombrages des palmiers de son oasis d'antan.
             Que faire ? Surtout ne pas raconter cela, ni à la famille de sa jeune femme, ni à ses proches, ni à ses amis, les plus intimes. Pas question !
              Il alla se confier à un Aâlim de la mosquée avoisinante et lui demanda conseil.
              L'Aâlim trancha sans détour aucun : 
              - Ta fille, " Ton ex-épouse ".  Tu ne la verras plus jamais. Suivant les commandements de Dieu. Tu finis avec le tambourin. De ce jour et jusqu'à la fin de ta vie, tu serviras de l'eau à boire aux fidèles fréquentant la mosquée.
             Ce qui fut fait. Pour, ainsi se purifier du péché de l'inceste.
              Les voies du Seigneur sont toujours impénétrables. Dieu a des "ayats" en sa création.
              La prostitution reste un péché, pour les malheurs qu'elle cause à la société, comme à la famille, dans sa sobriété, quoi qu'elle soit le vieux métier du monde !
 
                      Abdelmalek Aghzaf,
                                                        Fès, le 04/03/2014
 
               
 
              

Nouvelle inédite : L'Initiation de CABANGA

                                                                      
                  Nouvelle :                                              
 
                        L’INITIATION DE CABANGA,
 
       Cabanga remémorait les conseils des  ancêtres  pour se donner le courage qui lui manquait ou qu’il lui fallait dans pareille nuit de solitude vouée à l’initiation. Pendant  un moment, il crût qu’il allait passer la nuit, toute entière, tout éveillé, alerte, l’esprit et le corps prêts à toute éventualité, surtout, celles des plus graves, des plus sinistres, s’imaginant à plusieurs reprises être proie de certains dangereux carnivores de la savane, surtout, quand certains ,affamés, seraient  attirés par l’odeur du Vivant que la brise nocturne, se levant, portait à leurs naseaux expérimentés. Être proie à leurs crocs acérés, déchiqueté en plusieurs endroits, faisait que son souffle se précipitait au rythme saccadé de son cœur battant la chamade,…
 
        Dans les oreilles, il avait encore le résonnement de la fête célébrée à son honneur, la veille de son voyage initiatique : Ce fut le vacarme où se mêlaient les youyous des femmes, les vociférations anonymes, les cris de joie, les chants de victoire des jeunes cousins, aux bruits des tamtams et des tambours et cette danse improvisée :  danse des esprits, transe envoûtant tout le village en fête à l’honneur des ancêtres et à leur tradition éternelle.
 
       Lui, Cabanga, le demi-dieu, petit-fils du Chaman. L’élu, parmi les siens, que toutes les voyances préconisaient comme l’homme au singulier destin. Beaucoup de signes montrèrent dès sa petite enfance qu’il ne pouvait être touché d’aucune épidémie qui sévissait  en cette région d'Afrique, engloutissant son village dans une débâcle des plus sinistres, imposant à sa famille la fuite dans une autre contrée où le désastre ne se montrait pas encore.
 
       Lui, que toutes les cousines se disputaient la bonne compagnie dans leurs jeux puérils. Elles, aux atours de bonnes intentions, parfaitement excisées, prêtes à l'accouplement et à l'enfantement,  avec leurs poitrines alléchantes, brillant au contact de ce soleil d’Afrique, grâce à l’enduit  argileux rougeâtre  mélangé à de la sève de l'hévéa, une sorte de latex qu'on extrayait de l'arbre sur pied : onction prescrite par les Chamanes-femmes pour se protéger des rayons solaires et d’adoucir la pigmentation de la peau de jour comme de nuit, ou durant les soirées de transe, dédiées au souvenir des morts et à la mémoire des ancêtres. Ces soirées masquées, rythmées qui duraient jusqu'à ce que Le jour ait pointé à l'horizon, avec les couleurs sobres de l'aube, comme pour exorciser les esprits de la forêt.
       Lui, toujours, que les jeunes de son âge jalousaient durant les concours de chasse à la gazelle alezane et au zèbre fougueux, où il avait les meilleures chances, sachant manipuler aussi bien la sarbacane que le javelot et le tir à l’arc.
       Il avait à penser  à son initiation au monde des ancêtres, à la chasse du surlendemain, à la reconnaissance des dieux de la forêt, de la savane et de la jungle,  en sympathisant avec tous les Totems, dans sa retraite initiatique.
       Mais son esprit ne pouvait s'empêcher d'être étiré, tantôt,vers le souvenir des siens, tantôt, étiré vers la sacralité de ces moments de méditation chamanique.
        Il lui fallait percer les secrets de la connaissance et de la sagesse des Chamanes. Devenir maître de soi et du reste du monde, surtout des vivants féroces dans ces lieux hostiles.
       Seul, plongeant dans la nuit à la voûte céleste et étoilée, captant la magie de l’univers infini, face à tous les dangers imprévisibles annoncés par les fauves de la jungle.
       Il se souvint des danses mixtes des fiançailles, où, seul, lui, pouvait bien aimanter l’attention de l’assistance, sous le regard observateur des sages et du Chamane : le blanc des yeux était si limpide, la blancheur de sa dentition ne  pouvait être égalée que par les neiges éternelles des cimes du Kilimandjaro.
       Il avait de ces atouts secrets des dieux, l'inspiration et le don d'attirer ainsi vers lui toutes les bonnes et les meilleures intentions de tous. Il savait qu’il allait maintenant prendre la voie de la connaissance, le chemin de la sagesse. Son initiation allait le changer, le transformer, l’élever au rang des adultes :  chef guerrier, sage et Chamane.
        Pendant quinze jours et quinze nuits, il devait se mesurer à la Nature, en domptant sa peur, en plongeant au fond de soi pour une sorte de mise à jour de ses sentiments, ses sensations, sa haine, son amour, sa cruauté, sa générosité,… T OUT Y PASSERAIT ! Comme un diagnostic médical général. Sa mission était cela. Elle lui incombait par la décision des sages de sa tribu : lui, l’élu, parmi les jeunes.
 
       CABANGA, en ce stade initiatique, était au bord de la rivière sacrée, au coucher du soleil, à la quête d’un abri nocturne, pour ainsi, se protéger de l’orage qui s’annonçait et des animaux sauvages qui devaient rôder, toute la nuit, à la recherche d’une nourriture.
 
       Perché, et à califourchon, sur une branche d’un baobab centenaire,  fut là le lieu où il choisit d'élire domicile pour la nuit, loin des siens et des vivants parmi son espèce et s'il avait faim, il pouvait toujours se nourrir de ses fruits ovoïdes, ces (pains de singe), très connus chez lui.
 
       Pourrait-il dormir ? Non, le sommeil paraissait loin encore de ses préoccupations immédiates.
 
       Il avait à penser à ce choix et à méditer longuement sur sa décision de rester parmi les siens, perpétuant par cet acte le legs des aïeux et honorer la mémoire des ancêtres. Pour lui, il le savait déjà et allait en avoir le cœur net. Une certitude : ne jamais aller s’installer en ville afin de ne jamais souiller son âme par la magie du monde urbain, ni rêver, comme le faisaient certains jeunes de son village, quitter la tribu, le pays, l’Afrique pour prendre les barques de la mort aux mers lointaines, ou errer comme une hyène dans le grand désert, en se faufilant entre les frontières des pays du Nord, tomber dans l’oubli des siens et subir la malédiction des mages de sa tribu.
 
     Non, pour lui, ce rêve-là, celui de vendre son âme  au mauvais esprit Blanc ne le tentait pas.
 
     Pauvreté, parmi les sien valait mieux qu’une richesse chez les étrangers.
 
        Lui, Cabanga, le négro-africain, riche de son patrimoine, de son Histoire et de sa négritude spécifique. Voilà, se disait-il, sa vraie voie vers la sagesse.
 
        Être arbre africain et le rester indéfiniment, pour toujours, sur sa propre terre. Connaissant chaque pierre, chaque plante et sachant leurs secrets dans la multitude des variétés utiles et nécessaires à la survie dans cette partie du monde, en vénérant la Nature, comme mère procréatrice et nourricière.
 
        Sur le coup, il se souvint d’une histoire qui lui fut racontée par son grand-père, un soir d’hiver, autour d’un foyer de feu, relatant l’arrivée des Blancs en leur oiseau de fer, dans la savane, afin de chasser les éléphants pour leur émail, les lions pour leurs pelage et toison et les rhinocéroces pour leur corne. Ils finirent par trouver l’exotisme des lieux à leur goût et s’installèrent dans le pays, après avoir chassé les habitants autochtones de leur terre natale. Voilà leurs bienfaits, eux, les Blancs. Alors, ce n’était pas maintenant qu’il fallait aller quémander à leurs portes !!!
 
       Rester ici et garder la mémoire des siens étaient bien là l’objet même de son initiation et le sens de la responsabilité qui allait peser sur ses épaules. Il en était bien conscient, si  fier, ne serait ce qu’en ce moment où il pensa à tout ça, perché sur son arbre, admirant la beauté magique du ciel où des milliers et des milliers de perles scintillaient, avec, à l’horizon, déjà, l’Etoile du Berger illuminant l’espace, tel un phare annonçant l’approche de l’aube.
 
       Capter cette magie nocturne en ces lieux luxuriants, loin des humains, proche de la Nature, où foisonnaient la  flore et la faune, ne pouvait être qu'un privilège pour lui, en quelque sorte et lui soufflait le message de la fierté et du courage. Il n’avait plus aucune peur.
 
       Sa méditation se renforçait par la mémoire, par le souvenir et par la projection dans le futur proche et l’avenir lointain.
 
       Des jours passèrent, des nuits suivirent, les mêmes rêves, les mêmes méditations, les mêmes réflexions, les mêmes alertes et les mêmes préoccupations, jusqu’au lendemain du dernier jour où il sursauta avec l’élan svelte et véhément d'une gazelle. D’un geste, il se détacha de la haute et grosse branche, sa literie préférée, à laquelle il se recroquevilla en s’y accrochant des bras et des jambes. Ce fut tout un art de connaisseurs.
 
       D’un saut si habile, il se trouva au milieu du tumulte. On l’embrassa de partout, on le touchait de tous les côtés, pour ainsi avoir une sorte de bénédiction. Sa mère, ses tantes, étaient toutes fières, semblaient préoccupées, d'abord, par sa santé et puis, heureuses, elles lancèrent leur long youyou de joie et de bonheur d’avoir, enfin, leur ELU. Brandissant tout en dansant leurs fétiches de la tribu.
       Les sages, en demi-cercle, entourés des deux côtés, des hommes du village, suivaient avec intérêt la scène, tout en échangeant des propos de satisfaction. Le Chamane, quant à lui, acquiessait, en recevant les félicitations, fusant de partout. Il devait penser déjà à la cérémonie qui allait suivre cet événement solennel et les festivités  qui dureraient trois jours et trois nuits de suite. Cela se clôturerait, dans le respect total des traditions, par les noces avec la cousine aînée, dans la case nouvellement construite , pour cet effet, non loin  de la sienne.
       Ainsi, Cabanga fut annoncé officiellement et solennellement : Jeune Chamane de la tribu du Tigre de la savane. Il portera ce titre avec celui du Totem du village : Le Chamane Tigre, pour le restant de sa vie!
       Des générations et des générations se raconteront certainement cet avènement et deviendra peut-être même un mythe. Celui du Chamane Tigre ! ! !
                                             Abdelmalek AGHZAF,
                                                   Fès, le31/08/2008,
                                                        réédité,Fès le 08/03/2014                                       
 
                                                                                                                                                 
 
       
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Rencontre d'une Fée

   

      Nouvelle inédite : 
 
                                 Rencontre d'une fée,
 
     Comme dans les contes merveilleux, j'eus la visite, hier soir et jusqu'à l'aube, d'une merveilleuse fée : dans ce sens médiéval du terme, avec dans ses propos, de la sensibilité, de la discrétion, de la politesse, d'un savoir et d'une connaissance divins, dignes des dieux de l'Olympe.
     Croyant bien faire, je parlais, je parlais, je parlais. Elle écoutait attentivement et ne répondait que par de petites phrases qui semblaient en dire long, très long même !
     J'appris qu'elle venait des cieux lointains,. Curieuse, comme tous les anges. Elle voulait tout savoir de moi. En plus de ce qu'elle devait savoir et connaître dans le fameux livre des humains .
     Je ne savais ni comment, ni par quelle magie, je me trouvai en train de dire mon présent, de relater les événements du passé lointain qui me marquèrent. Mes études universitaires dans cette cité : capitale des sciences, au royaume des Mille et Une Nuits.
     D'une question artistique à une réponse d'un savoir commun et d'une large connaissance de son Univers ! Tacitement, et comme d'un commun accord, nous nous trouvâmes embarqués dans un transport littéraire, poétique et musical que seuls les artistes, les poètes, les écrivains auraient ce privilège d'en vivre et d'en savourer tous les délices féeriques !
      Des Cantiques d'Elsa d'ARAGON, en passant par les amours de Alfred De Musset et de Georges Sand, à la mythologie grecque antique, avec ses dieux et ses déesses, Héra, Zeus et les autres.
      Un périple nocturne des plus singuliers, un rêve des plus inoubliables !
      Une rencontre qui ne pouvait avoir à se répéter, comme tous les beaux rêves, telles les belles histoires oniriques qui passaient, laissant leur trace, leur parfum, nous enivrer pour longtemps!
      Mais jamais, malheureusement, ils ne pouvaient revenir !
     Aucun serment n'était possible. Aucun engagement ne pouvait avoir lieu. 
     Les fées, les anges, je me disais, ne ressemblaient point aux pauvres créatures que nous étions, nous les misérables humains, d'ici bas !
     L'inspiration, en fait, était bien le diadème dont brillaient mille et mille feux et qui penchait sur la tête de cette fée, dont les mots qu'elle traçait de sa plume, plutôt, de sa baguette magique, ensorcelaient l'esprit, envoûtaient la raison et brûlaient le corps !
     La crainte d'un quelconque voyeurisme, d'une intrusion inopportune, censée déranger cette idylle, unique en son genre, fit que le rêve se dissipa et ma belle d'une nuit prit son envol avec les ailes du Buraq mythique ou du fabuleux Icare dans l'espace virtuel, vers d'autres cieux et son périple des anges, pour une autre planète, pour une autre visite à un autre poète solitaire et méditatif.
     Bon envol !
     Et à moi, mon écriture !
                                  Abdelmalek Aghzaf 
                                            Fès, le mercredi 19/03/2014.
 

Nouvelle inédite : Le temps d'un printemps

NOUVELLE INÉDITE :
 
                                   LE TEMPS D'UN PRINTEMPS
 
 
(Elle) - Elle s'arrêta à la dernière marche de l'escalier en bois, se retourna à moitié, virant le regard à presque 45°, passa les doigts de la main libre entre les mèches des cheveux : réflexe de jeunesse qui dût ne l'avoir jamais plus quittée depuis son adolescence. Le regard se fixa en un zoom sur la silhouette du voisin d'en face qu'elle reconnut à sa démarche, quand il sortait de chez lui pour ouvrir les volets de ses fenêtres.
 
(Lui) - Le regard fixé sur le quadrant phosphorescent du radio - réveil installé sur la table de chevet, juste à côté de la fenêtre donnant sur la rue d'en face. Il sentait et suivait l'écoulement du temps: des secondes, des minutes,... Des heures ! Il savait -grâce à l' habitude et à l'intérêt qu'il eût à suivre les allées et venues de sa voisine d'en face.
Il savait maintenant. Il en avait presque la certitude. Le programme journalier, hebdomadaire de cette femelle, si coquette, si attirante, si nonchalante dans sa démarche. Il avait bien appris à la lettre son calendrier, réglé comme sur un organiseur.
Sa vue, chaque jour, le calmait,, lui apportait un peu plus de bonheur. Rien qu'en regardant de côté sa silhouette passer avec précipitation, en entendant les petits bruits monotones des talons des ses chaussures si hautes, changeant de couleur suivant les sept jours de la semaine, les quatre semaines du mois, les trois cent soixante cinq jours de l'an ! Oui, cela faisait maintenant une année qu'il accompagnait discrètement sa voisine, en silence, avec délicatesse, de loin, à l'insu de cette charmante brune, d'un certain âge, mais qui le fascinait, à laquelle tout son être semblait s'être attaché jusqu'à ses moindres gestes et mouvements, jusqu'à son parfum préféré qu'il pouvait sentir de loin, depuis qu'elle passa tout près de lui, tout au début, sur son chemin vers le marché, à la terrasse du Café "Mon Pays" où il se plaisait très souvent de prendre sa tasse de café, fumant ses Rothman's et lisant la gazette locale.
Il croyait qu'elle ne se doutait de rien.
(Elle) - Chaque fois qu'elle traversait la rue Rimbaud, allant faire ses courses, elle ne cessait de se demander si elle était suivie, ou qu'elle allait être abordée par son inconnu voisin, qu'un  : "Bonjour"ou"Bonsoir" allait siffler feutrement en lui caressant l'ouïe. Rien ne fut. Pourtant, elle savait. Elle en était sûre que cet homme aux cheveux grisonnants, à l'allure athlétique, au front dégagé, lui évoquant le héros et le personnage principal de ses films préférés : James Bond, le 007.
Non, elle ne voyait rien venir.
Parfois, elle prenait son goûter à son balcon, comme pour contempler le beau crépuscule, mais en réalité, c'était pour suivre ce qui se passait en face. S'il était là, que devait-il en train de faire ? La regardait-il, lui aussi, avait-il des jumelles ?
Enfin, elle se demanda, une seule fois, s'il était marié, libre, célibataire, divorcé comme elle, ou veuf solitaire et infortuné !
(Lui)- En cette journée de printemps, son jardinet était très tôt envahi par les moineaux gazouillant, sautillant de partout. Ce vacarme le fit réveiller et se dit :" ça serait une très belle journée, aujourd'hui, !"
(Elle)- L'alarme de son portable commença un morceau de la chanson de Barry White préférée, lui annonçant l'heure du réveil. Après le rituel bain, l'habituel bol de café au lait et les médicaments prescrits pour la journée, elle marcha machinalement vers le balcon, jeta un regard résolu vers les portes-fenêtres du voisin d'en face et se dit : " il est déjà réveillé avant moi, celui-là !". " Aujourd'hui, je vais faire tout pour lui parler."
(Lui)- Il se mit comme, à son habitude, au bord de la fenêtre de sa chambre à coucher, où le son de la radio emplissait en F.M. les infos du matin sur France-info, on croirait être aux studios de France Télévision.
Il se dit qu'avec la splendeur du premier jour du printemps, le moment serait bien propice de prendre tout son courage en main, faire le premier pas et aller à la rencontre de sa voisine.
 
(Elle et Lui)- Bonjour,
- Bonjour, ça va ?
- ça va, vous vous êtes réveillé très tôt, ce matin !"
- Oui, c'est le printemps
- Oui, c'est vrai, il fait très beau.
- Voulez-vous prendre quelque chose avec moi, aujourd'hui ?
- D'accord, pourquoi pas ? Chez vous ou chez moi ?
-Comme vous voulez ! Venez, je vous attends !
(Lui) - Ouf ! C'est fait, elle arrive. Toute une année d'attente, pourtant. C'est bien facile de communiquer.
-Tout est bien prêt pour recevoir celle qui m'a capté le cœur et l'esprit tous ces jours et toutes ces nuits .
(Elle)- Ah, nous allons nous voir, notre voisin et moi. Notre héros. Je me demande s'il ressemble réellement à mon héros préféré : James Bond, 007 !!
-Faut-il que je lui dise tout ? Pourquoi pas ?
-Sera-il heureux ou malheureux d'apprendre les secrets de ma vie ?
-,... Que j'étais mariée plusieurs fois, que je ne le suis plus.
-,... Que les médecins m'avaient prédis ma mort pour les deux ou trois mois prochains ? En faudrait-il la peine ?
(Lui)- Que vais-je lui raconter ?
- Vais-je lui parler de mes vingt ans de mariage ?
- De la mort de mon épouse dans un fâcheux accident de voiture, à cause d'un chauffard ivre , il y a de cela, cinq ans déjà ?
-,... Que depuis, je vivais veuf, solitaire, sans aventure ?
-,... Pourrais-je renouer avec une vraie vie en couple ?
-,... Serait-elle prête à l'accepter, pour simplement comme petit ami, ou compagnon ou comme un vrai mari ?
-,...Vais-je lui plaire ?
 
(Elle et Lui) - J'ai l'impression de vous connaître depuis toujours !
- Moi aussi, tellement en face, je crois connaître toutes vos habitudes !
-Moi aussi ! Tiens, vous avez le même parfum qu'il y a une année ! 
- Ah, oui, c'est mon préféré, "La Tulipe Noire"
- Ah ! C'est enivrant !
- Vous semblez vivre seul !
- Oui, je suis veuf. J'ai perdu ma femme dans un accident de voiture.
- Je suis bien désolée !
- Mais c'est déjà cinq ans de ça. Et vous, avez-vous quelqu'un dans votre vie ? Un petit ami ?
- Non, je suis célibataire. Après mes trois mariages! Je n'en ai gardé que des déceptions !
- Ah bon, et vous supportez cette solitude ?
-  Peut-être, comme vous !? Dites, je voudrais un verre d'eau, s'il vous plaît, c'est pour mes médicaments !
- Oui, bien-sûr, vous êtes malade ?
- Je vous dirais !
 
 
(Elle et Lui) = De confidence en confidence, les deux voisins partagèrent les trois repas de la journée et une grande partie de la nuit.
Ils se séparèrent, résolus d'avoir découvert ce qui les rassemblait, leurs affinités, leur situation sociale, leur expérience dans la vie et leur fascination réciproque.
Une seule ombre pourtant, planait dans le ciel de leur printemps : Son cancer à elle ! 
Ils s'entendirent qu'ils allaient se revoir très souvent, peut-être même décider de vivre en un même ménage, sous un même toit, jusqu'à la fin.
Le destin avait ses raisons. Ils vivraient ensemble le peu de bonheur possible, sachant que la fin n'était pas loin, que c'était éphémère !
Mais le souvenir de tout cela pourrait être agréable et tendre et doux pour l'un, salutaire, soulageant pour l'autre.
Ces derniers moments de bonheur partagé avant la mort était peut-être plus fabuleux, plus romantique des plus affectueux sentiments à emporter avec elle dans son voyage vers l'éternité.
 
L'amour, n'est-il pas le meilleur remède pour soulager l'âme et panser toutes les blessures des hommes et des femmes sur cette terre !?
 
 
               Abdelmalek AGHZAF,
                                                      KSAR EL-KÉBIR, LE 25/03/2014.

Nouvelle inédite : À la quête de la fleur de Grasse.

Ville de Grasse, capitale mondiale des parfums et des fleurs.
 
          NOUVELLE INÉDITE : 
 
                                            À la quête de la fleur de Grasse,
 
 
Quand nous nous rencontrâmes à la villa Gillet, à la Croix Rousse, à Lyon pour le Colloque des Échanges Interculturels Méditerranéens, en 1999 (Colloque organisé par la M.A.F.P.N.), c'était sous le signe du rapprochement des peuples et des civilisations tout autour du bassin méditerranéen.
Nos travaux des ateliers nous permirent de faire amplement connaissance, durant quinze jours, avec des collègues tunisiens, algériens, marocains et français de tous bords. 
Une des thématiques ayant retenu notre attention, et qui fut sujet à débat, était l'aspect floral des cités, des villes, des villages,( comme le village médiéval : Pérouges), des quartiers, des ruelles, ( les Traboules, dans le Vieux Lyon ) et des parcs (comme le Parc de la Tête d'Or ) !
La diversité de culture, la formation pédagogique et la connaissance livresque firent que des affinités s'établirent, des amitiés se nouèrent et des contacts ultérieurs au colloque allaient se faire entre les membres des différents groupes. Une des finalités visées par les organisateurs !
Madame I.J., grassoise, m'invita chez elle, dans sa commune de Grasse, la capitale mondiale des parfums et des fleurs, dans les Alpes-Maritimes.
Ainsi, nous nous donnâmes rendez-vous deux ans plus tard.
Elle se proposa de me faire visiter et découvrir les trésors floraux et olfactifs de sa ville afin de m'en imprégner - ayant su que j'avais ce penchant de poète vers les parfums, les fleurs et l'odeur des petits bois.
En effet, dans mon enfance et ma jeunesse, mes moments de bonheur étaient ces longues promenades dans les pinèdes, les cédrées, tout autour de ma ville natale : Azrou. Ce qui m'avait beaucoup marqué. J'eus très tôt la vocation d'aimer cet élixir de la Nature et, depuis, je ne pouvais m'en passer.
Arrivé à Grasse, je devais suivre le plan qui me fut envoyé par ma correspondante, sans faute, pour ne pas m'égarer, ni dans les sentiers si étroits, ni dans les quartiers si espacés et si loin les uns des autres.
Nous devions nous rencontrer au coin de la rue de l'Oratoire, Grasse, Centre historique. Il fallait aussi marcher jusqu'au Cours et Notre Dame des Fleurs/Montelly, afin de récupérer son véhicule et nous diriger tout d'abord à l'hôtel Bonnamour où j'avais pu me réserver une chambre quelques temps à l'avance, via le site Internet, pour une petite semaine.
Le programme que I.J. me réservait était des plus chargés pour cette petite semaine, car elle voulait réellement me faire connaître le maximum de choses de sa ville, Grasse.
La visite de la maison du patrimoine Grasse : ville d'art et d'histoire de la préhistoire au XXIe siècle où je devais me rendre compte du savoir-faire des Grassois, de génération en génération.
Une chambre d'hôtel au boulevard Pasteur était un bon choix, c'était presque le centre de la ville. Cela me permettait de commencer mon périple de découverte du trésor floral de cette cité par la visite de la parfumerie Fragonard, puis suivre l'avenue Pierre Zillet, Magagnosc, pour aller visiter Châteauneuf-de-Grasse. Sur les bords de la route , on pourrait voir défiler les bougainvilliers, les iris de toutes les couleurs, de toutes les formes, répandant une sorte de lumière, de transparence dans la brèche entre le ciel bleu serein, l'intellect et les sentiments qui nous animaient.
Ma compagne et mon amie I.J. était, on ne pouvait plus, heureuse, fière et plus bavarde que d'habitude. Je la comprenais !
Elle parlait, elle parlait afin de faire apprécier les parcours, les lieux de visite ou de promenade.
Ce ne fut qu'en traversant la Blanquière ou "Les fleurs de Grasse, de "Blachia" : terre parsemée de chênes, que je m'aperçus de la beauté, du secret des splendeurs florales de cette commune.
De l'autre côté, il nous fallait prendre la route de Plascassier jusqu'au lieu dit : Châteauneuf-de-Grasse, lieu quasi mythique, puisqu'il représentait la dernière demeure avant de s'éteindre, de la célébrissime chanteuse des années cinquante et soixante du siècle dernier : Édith Piaf. Elle y a vécu ses derniers jours, paraît-il !
Oui, cette chanteuse que je découvris, très tôt, en mon enfance, sur une pochette d'un 33 tours et dont j'entendais la voix interpréter ses succès à la maison de Georges Dubouneau, patron de mon père dans l'entreprise coloniale française qui exploitait les ressources minières du Moyen Atlas.
Que de souvenirs !
Le présent me paraissait venir compléter le passé, sans hiatus.
J'étais dans la continuité.
Je ne savais pourtant pas pourquoi je gardais encore ces jours-là, durant mon court séjour chez mon amie I.J. les mêmes interférences livresques qui m'obsédaient l'esprit en flânant à travers les bois de la banlieue de Grasse.
Je me rappelais les"Rêveries du promeneur Solitaire" de Jean Jacques Rousseau dans le vallon des Charmettes que j'avais visité tout au début des échanges interculturels à Annecy. Je me souvins de cette phrase, entre autres :"(...) j'ai peu vu d'hommes heureux, peut-être point, mais j'ai souvent vu des cœurs contents..."
Ah ! La beauté du site, du bois, du sous-bois, de cette propriété hantée par l'esprit du grand philosophe et les fleurs comme ici à Grasse, en compagnie de la plus gracieuse des fleurs entre les fleurs : I.J. Elle ne pouvait être que l'unique et rarissime rose/fleur des champs dans l'absolu !
Moi, qui faisais ce périple pour découvrir La Fleur ! Il me semblait l'avoir trouvée. Son nom : tous les noms des fleurs et roses de Grasse. Elle, la gracieuse parmi les Grassoises !
Dans mes rêveries solitaires, je pensais aussi à Julien Sorel et son idylle avec Madame De Rénal, avant d'aller à la conquête de Paris et s'éprendre de la fille du Pair de France, Mathilde : une autre fleur parmi les fleurs du champs de Mars près de la Tour Eiffel !
Dans mon esprit foisonnaient des images où s'alternaient des phrases de méditation et de torpeur. Je semblais être transcendé par un chaos nietzschéen qui finissait par m'animer intensément mais qu'il me fallait désespérément ordonner, sans me laisser perdre dans la confusion et l'embarras.
J'étais toujours un enfant et j'avais besoin d'un guide pour pouvoir raconter plus tard une histoire romancée.
J'optai alors pour la simplicité, au contact direct, au rôle de récepteur. Je me préparais à tout et à rien. Je décidai de laisser "le hasard" faire son travail providentiel.
Il était visible que je me perdais en différentes idées improductives qui me menaient toujours au questionnement sur l'absurdité et l'absurde de la vie, sur la Candeur de mon esprit, sur la naïveté de mes décisions.
Mon voyage allait finir trop vite à mon goût !
Je suis venu. Je l'ai vue, ma fleur. Je vainquis ma peur et ma timidité.
Je devais prendre mon envol vers mes terres, mon Bled et mes histoires à ne pas en finir ! Riche de connaissance, de découvertes, guéri de mon Mal, l'esprit ressourcé, rajeuni de cœur et de raison, avec surtout une joie de vivre et même très longtemps !
 
 
       Abdelmalek AGHZAF,
                                          Ksar El-Kébir, le 28/03/2014.
 

La nouvelle à trois temps : le nouveau monde

LA NOUVELLE À TROIS TEMPS :
 
Le nouveau monde 
 
 
 
 
 
 
Le conseil de la confédération des cinq constellations - après délibération - jugea bon d'annoncer l'édit seigneurial qui organisait, à la manière des Terriens, une sorte de concours de recrutement des cerveaux illuminés :
 
" Téléporter un individu au hasard des étoiles, le placer au milieu de la grande bibliothèque de la mégapole : Mégapolis I Bis, lui faire  demander par interphone cellulaire de " scripter "  un manuscrit de trois espaces, en trois jours et trois nuits lunaires.
 
- Le premier candidat, deux jours et la moitié du jour suivant, cria :
- " Venez, libérez-moi. Voici votre parchemin ! "
 
On y lut : 
- " Maudite soit ma mère qui me conçut et celle qui m'aprivoisa en son ventre pour me délivrer par la suite aux chefs des pépinières de ce monde : ces fameuses machines pensantes et sans âme. Maintenant, je souffre le martyr entre les mains des savants/bourreaux programmés, sages enseignants de " La Planète des Singes ".
 
On le libéra.
 
Des années -lumière s'écoulèrent. Il devint Maître-Coiffeur dans la Tour argentée des Polypes. Celle où les appartements étaient tous synchronisés, informatisés et dont les cloisons n'étaient en fait que de géants plasmas liquides, sous forme de grands miroirs réfléchissants et panoramiques. Il ne garda de l'Institut de formation socioprofessionnelle  que les : questions/réponses, le long débit de parole :
" خيط و مغزل "
Traduisez  en  langue de la grande Confédération : " Parler en travaillant " !
 
- Le deuxième candidat, dès qu'on le téléporta au milieu de ces archaïques reliures ornées et illustrées suivant la tradition des grandes religions terriennes, s'amusa à tenter de déchiffrer les noms des auteurs, philosophes, poètes et hommes de sciences, décédés, très avant l'Holocauste de la grande guerre, Il s'attabla et commença  à rédiger son texte : " Béni soit le passé de nos aïeux les Terriens, bénis soient les civilisations et leurs legs de Savoir et de Sciences, pour que l'Univers nous soit entre les mains et que les secrets d'un grand nombre de planètes et d'étoiles nous soient si élucidés et si connus. À nous de faire de même et autant que nos prédécesseurs ! "
 
Deux jours passèrent. Il commença à crier qu'on vienne le libérer et qu'on lise ce qu'il dût écrire.
 
Ce qui fut fait.
 
Libéré, il devint, quelques temps plus tard, à son tour, un de ces grands savants vénérés et crains du haut comité directeur de conscience de la Confédération : enseignant puis poète puis écrivain, puis formateur et enfin Sage parmi les sages de son temps. Il mourut célèbre et laissa à son tour deux grands rayons de livres  qu'on plaça avec beaucoup d'égard et de fierté à l'entrée de la grande bibliothèque.
 
Le troisième candidat fit son entrée dans ce temple du Savoir universel avec grand bruit et beaucoup de fracas ! 
 
Des questions sans réponses, des remontrances et des menaces : " ... Mais pourquoi moi, ici, entre ces vieux livres : musée de la préhistoire stellaire,... À quoi me  serviraient ces vieux parchemins ? Pourquoi ne pas me mettre dans l'un des laboratoires des Sciences/Mégapolis X, entre les tubes à essais et les ordinateurs mille dix neuf générations, après la bombe à neutrons de la dernière et ultime guerre des Terriens ? Où est l'odeur fétide et fade de l'ammoniac et des acides hautement volatils ?
 
Quelques minutes de l'horloge solaire lui suffirent pour se calmer, se résigner et commencer à réfléchir à ce qu'il allait rédiger, pour tenter de se libérer le plus tôt possible. Il n'aurait pas la patience de rester cloîtré là durant trois jours et trois nuits lunaires, se disait-il.
 
Très tôt, le matin du lendemain, il cria très fort, plus fort que les deux autres qui le précédèrent,  demanda aux bourreaux/surveillants de lire son texte sur le visuel de plasma liquide et de le libérer illico.
 
On y lut :
" Sans la science, le monde n'est que le pire des enfers. Bénie soit la relation, conjuguée et consentie du nombre des chromosomes et des ovules dans l'ordre récursif des nombres paires, qui fut que je sois à ne plaise, ici et pas ailleurs ! Alors que j'aurais dû être là où il me fallait être, et,..."  Faites vite, on m'attend, moi, dans mon labo de recherche,....Le temps vole si vite,... " 
 
On le libéra. Des années-lumières passèrent. Il devint célébrissime. Savant de renommée interstellaire. Il professa en chaire universitaire. Partout, on suivait, avec attention et gourmandise intellectuelle, ses séminaires et ses démonstrations à travers les vidéoconférences. Ses ouvrages se vendirent comme des sachets de shipps, jusqu'au jour où on découvrit son corps inerte, plié en deux, enfoui sous sa grande barbe et sa foisonnante chevelure, les bras sur un amas de feuillets où des calculs bizarroïdes mêlés à des figures géométriques insensées et des équations, aux lois et aux raisonnements de la physique quantique, surprenantes, dépassant de très loin les sciences extraordinaires des extraterrestres ayant visité furtivement en leurs OVNI la planète primitive : La Terre des ancêtres, des siècles et des siècles déjà !
 
Ainsi, et comme la valse à trois temps, s'acheva l'histoire burlesque d'un monde où l'inimaginable côtoie le fabuleux, où le temps/espace n'est que relativité, où la fiction et le conte s'enchevêtrent pour finir en la note finale de l'accordéon et la cadence  magique de la valse !
 
Alors, la question :
 
Et vous, qu'en pensez-vous ?
       
ABDELMALEK AGHZAF,
Ksar El-Kébir, le 30/03/2014.
 
 
 
       
 
 
 
 
 
 
    
    
 Cités du futur

Nouvelle inédite : l'enfant et le violon

NOUVELLE INÉDITE :
 
L'enfant et le violon
 
 
 
La grande salle des fêtes de l'observatoire de musique était archi comble. Il y avait autant d'apprenants que d'amateurs et de connaisseurs.
Le maître formateur se rendit compte, en quelques minutes, avant le récital, de son passé, quand il était encore un enfant, du long parcours qu'il devait suivre avant de devenir ce qu'il fut à présent : Maître de violon incontesté au conservatoire.
D'abord ce fut sa vocation, depuis son jeune âge, ensuite l'école normale supérieure des arts et enfin professeur de violon qu'il était devenu. Toujours est-il qu'il continuait ses études supérieures à l'école des beaux arts à Tanger, pour enfin décrocher son master ou même avec un peu de chance son doctorat es musique orientale.
Au bled, il n'y avait qu'une école très rustique où on devait recevoir les quelques cours élémentaires d'un savoir trop compliqué de la part de quelques instituteurs pas toujours présents là à cause d'un absentéisme volontaire ou involontaire
Moha passa tout son temps à jouer, à gambader de par les champs couvrant toutes les collines aux alentours des quelques maisons constituant leur "Douar" hameau.
Le jour où il découvrit, chez son oncle maternel le fameux instrument produisant des sons de musique locale : Le Violon. Ce fut pour lui le grand jour et même le grand changement de sa vie.
Il décida d'en fabriquer un, proprement à lui. À l'aide d'un bidon à huile de moteur vide, de cordes des poils de queue de la jument de son grand père et de la résine de la sève de quelques sapins des environs.
Sa trouvaille fut pour lui un succès, alors que pour sa mère cela ne signifiait qu'une déroute et une voie vers la débauche contrairement à l'ambition familiale : aller à l'école, faire des études pour devenir plus tard Caïd ou Avocat ou juge. Là, maintenant, avec cet instrument/jouet auquel Moha consacrait tout son temps le jour comme la nuit (dans ses rêves), le souhait de la chère maman allait s'évaporer comme par enchantement !
- Quoi ? Devenir "Cheikh" (entendez : artiste, musicien, chanteur populaire !), allant de fête en fête présenter ses numéros, en compagnie de femmes d'une certaine moralité ? Non, quelle risée allons-nous devenir aux yeux des gens du hameau ? !
Personne en la famille de Moha ne pouvait, ni ne voulait comprendre l'importance de cet instrument : le violon, à l'état primitif, tel qu'il l'avait fabriqué ! On ne devait pas le prendre au sérieux.
Des années passèrent et tout le monde dans la famille de Moha commençait peu à peu à comprendre l'importance et le sens de cet apprentissage artistique qu'on ignorait jusqu'alors, qu'on n'appréciait guère.
Dans les esprits, les choses n'allaient pas si vite. Il fallait être patient et rester passionné avec opiniâtreté. Une vocation, ça se vit, ça mûrit, ça prend le temps qu'il faut !
Il lui fallait donner du temps au temps !
Quand il était à l'école normale supérieure, il ne pouvait dire à sa famille les études qu'il poursuivait ni ce qu'il allait devenir sinon professeur.
Il savait que parler à sa mère ou à son père du violon, de la musique comme étant ses études, allait lui attirer la malédiction des parents et ce n'était pas son désir.
Une fois devenu professeur de l'éducation artistique dans un établissement scolaire de l'État, lui permit enfin de parler avec assurance de sa vocation comme étant un vrai métier, rémunéré, comme tout un fonctionnaire du ministère de l'enseignement.
Sa mère, son père, les habitants du "Douar" allaient maintenant approuver ce choix !
On était bien loin des centres urbains : des villes, de la civilisation, de l'éducation artistique, de l'appréciation de la bonne musique (classique ou orientale), nourriture de l'âme !
Personne dans ces hameaux ne pouvait avoir à l'esprit qu'il suffisait d'apprendre à jouer d'un instrument de musique : piano, flûte, luth ou violon pour accéder à des valeurs humaines si hautes ou donner image d'une grande âme, d'un penchant vers un des sept arts appréciés par les grandes cultures et les grandes civilisations, que la musique pourrait élever son maître au rang des personnes notoires, célèbres, respectées voire riches moralement et matériellement.
À la campagne, la vie était dure. Le travail de la terre ou l'élevage exigeait une force de muscles et de caractère aussi bien chez l'homme que chez la femme. La musique était celle du labeur continu pour vivre. Le chant et la musique étaient relégués au deuxième rang. Ils étaient une affaire de troubadours, de gitans, de tziganes, libertins pour la plupart, détachés de la terre, n'avaient et ne pouvaient avoir de responsabilité familiale.
On ne pouvait alors voir d'un bon œil ni imaginer un membre de sa famille devenir "Cheikh" (musicien/chanteur), encore moins une jeune fille s'intéresser plus à ce jeu d'instruments de musique et délaisser son rôle naturel et ancestral de se marier, d'enfanter, de s'occuper de son mari, de son foyer, de sa terre et de ses animaux de la ferme.
Il fallait aller vivre en ville : la cité/civilisation, de l'ancien grec : civitas. Là où les arts prospéraient, s'appréciaient et constituaient en quelque sorte une composante essentielle de l'essor d'une culture et de sa prospérité.
On continuait toujours de croire en cette fable : "La cigale et la fourmi" et on en perpétuait la morale dans l'éducation, de génération en génération.
Le destin allait changer la mentalité. Moha commença à faire comprendre à sa mère, maintenant qu'il était devenu professeur de musique, que l'art, comme toute autre matière du savoir humain, pouvait faire vivre son homme et le faire respecter.
Elle finit par comprendre et n'hésita nullement à exhorter son plus jeune garçon et sa plus jeune fille à regagner l'observatoire de musique de la ville de Tétouan afin de suivre la voie de leur frère aîné.
Plus encore, le jour où Moha vint annoncer à sa mère qu'enfin il trouva celle qui allait devenir son épouse parmi ses propres élèves au conservatoire, qu'elle aussi aimait jouer du violon, en plus, elle était professeur de langue. Elle ne s'y opposa guère. Au contraire, elle le félicita et lui demanda de la lui présenter, les jours suivants. Elle bénit leur liaison artistique et matrimoniale.
Elle finit par louer le bon Dieu pour avoir assuré l'avenir de son fils de son vivant !
Voilà que Moha se voyait réussir à faire aimer l'art de jouer du violon dans un milieu rural. Là où le système éducatif et les programmes scolaires figés échouaient à ouvrir les esprits et à faire apprécier les arts qui, jusque-là, ne se développaient qu'en ville : berceau des beaux arts !
 
ABDELMALEK AGHZAF
Ksar El-Kébir, le 02/04/2014.
 
 
 
 
 
 violon et partition

Nouvelle inédite : Un pour tous, tous pour un

Nouvelle inédite :
 
            Un pour tous, tous pour tous !
 
Il sentit perdre de la voix, au bout d'une heure de marche, à travers la longue avenue, droite, plate, infinie.
Il était presque au milieu d'une vague humaine, protestant, élevant le ton de sa voix contre toutes les injustices et sous toutes ses formes, du passé, du présent et du futur.
Tous les slogans se confondaient, toutes les langues y étaient, toutes les voix s' y mêlaient : celles des enfants, celles des adultes : femmes, hommes, jeunes et même celles de quelques personnes d'un certain âge qui pouvaient encore marcher, sans crier, vers où ? Vers quoi ?
Sous le soleil de glas, nageant dans sa sueur lourdement salée, au goût amer de la révolte contre toutes les politiques sourdes qui se tramaient  dans les bureaux feutrés des décideurs hautains, au regard sournois du coin des grandes fenêtres de leur vingtième étage de la haute tour surplombant la ville, défiant les vents, défiant les cris d'en bas de cette multitude qui continuait d'espérer, qui ne finissait pas de croire, avec espoir, en un demain meilleur, en une ouïe qui écouterait, en une raison qui s'ouvrirait au dialogue, non pas de sourds-muets, mais de vrais "citoyens/patriotes" !
Était il possible ? Ce demain ? Pourtant, le temps semblait durer plus que ce que  demandait le temps d'un changement , le temps d'une saison, le temps de quatre saisons !
Les mêmes cris, les mêmes slogans, presque la même foule qui traversaient l'espace indifférent, toléré, permis par les hautes autorités de ces mégapoles : grandes machines broyant l'effort humain.
À la terrasse des trop nombreux cafés, restaurants à cafés , cafés-bistrots, ou tout simplement des tout petits estaminets  archi-pleins de corps fatigués, de cerveaux vides, ou semblant l'être, de regards intrépides entre la quête de mots de dictionnaires de mémoire de langue courante ou de langue soutenue et recherchée, afin de les placer sur la grille de mots croisés ou de mots fléchés et un regard furtif vers cette foule frénétique dévalant le pavé - dans l'indifférence -
Cette longue rivière humaine serpentant les grandes artères de la ville /Ogre !
Tant qu'elle ne débordait pas, cela ne pouvait les regarder ou peu !
Depuis toujours, il y avait un seul qui criait pour que tous puissent profiter et bien manger un morceau de pain blanc.
Il suffisait qu'une personne au carré donne son torse ou son dos aux vraies balles ou balles en caoutchouc pour que d'autres puissent vivre mieux et puissent , le Dimanche, aller flâner dans les grandes surfaces- mall !
Après avoir bien brandi le poing de la contestation solidaire en haut, chanté l'Internationale en plusieurs langues, interprété les quelques chants engagés de Cheikh Imam et Fouad Najm, il eut une faim de détenu politique et une soif de martyr d'Al Aqsa. Il s'arrêta près d'un vendeur de sandwichs pop et demanda pour un dirham cinquante un quart de galette de pain avec deux petites saussisses, bien épicées et aussi rouges que le drapeau  qui passait juste à côté ! Il but deux gorgée d'une eau aussi brûlante que ce soleil-là, de cette journée-là !
Il se dit :
 " - J'ai bien fait ce qu'il fallait. Conformisme ou pas, il faut bien participer à faire l'Histoire . "
D'un coup d'épaule par ci et d'un coup d'épaule par là, il se fraya chemin et se laissa entraîner par la vague humaine qui suivait son train, aussi frénétique, aussi criarde, aussi déterminée que celles qui la précédèrent sur cette même avenue si grande, si longue, si droite et sans fin.
        
                            Abdelmalek Aghzaf
                          Ksar El-Kébir, le 07/04/2014.marche dans l'avenue, à Casablanca, avril 2014

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Commentaires (2)

1. Patrick DETREZ 02/09/2022

Bonjour chères frères et sœurs

Je m’appelle Patrick DETREZ

Je fais ce témoignage pour témoigner la compétence d’un vieux vraiment formidable.

Je vous assure que j’ai eu à contacter plusieurs marabouts qui sont rien que des faux , des menteurs, des escrocs je ne sais plus a quoi les qualifiés mais suite aux plusieurs recherches je suis tombé sur ce vieux du Bénin qui m’a vraiment redonner le bonheur , le bonheur que je recherche depuis tant d’années. Il est vraiment formidable, je souffrais d’une rupture, travailler sans prendre un euro. J’ai d’abord eu la satisfaction, avant de le récompenser vraiment car il est très bon ce vieux Béninois . Alors vous qui souffrez de n’importe quels problème, vous qui avez n’importe quels soucis, ne vous faites plus de souci contacté directement ce vieux voici son adresse

WhatsApp : +229 60 06 92 66

Email : maraboutmaitredjiffa@gmail.com

Vous pouvez l'appeler directement sur son numéro ou l’écrire sur WhatsApp , il répond au +229 60 06 92 66

2. Patrick DETREZ 02/09/2022

Bonjour chères frères et sœurs

Je m’appelle Patrick DETREZ

Je fais ce témoignage pour témoigner la compétence d’un vieux vraiment formidable.

Je vous assure que j’ai eu à contacter plusieurs marabouts qui sont rien que des faux , des menteurs, des escrocs je ne sais plus a quoi les qualifiés mais suite aux plusieurs recherches je suis tombé sur ce vieux du Bénin qui m’a vraiment redonner le bonheur , le bonheur que je recherche depuis tant d’années. Il est vraiment formidable, je souffrais d’une rupture, travailler sans prendre un euro. J’ai d’abord eu la satisfaction, avant de le récompenser vraiment car il est très bon ce vieux Béninois . Alors vous qui souffrez de n’importe quels problème, vous qui avez n’importe quels soucis, ne vous faites plus de souci contacté directement ce vieux voici son adresse

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