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NOUVELLE INÉDITE : À la quête de la fleur de Grasse

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       NOUVELLE INÉDITE : 

                                            À la quête de la fleur de Grasse,

Quand nous nous rencontrâmes à la villa Gillet, à la Croix Rousse, à Lyon pour le Colloque des Échanges Interculturels Méditerranéens, en 1999 (Colloque organisé par la M.A.F.P.N.), c'était sous le signe du rapprochement des peuples et des civilisations tout autour du bassin méditerranéen.

Nos travaux des ateliers nous permirent de faire amplement connaissance, durant quinze jours, avec des collègues tunisiens, algériens, marocains et français de tous bords. 

Une des thématiques ayant retenu notre attention, et qui fut sujet à débat, était l'aspect floral des cités, des villes, des villages,( comme le village médiéval : Pérouges), des quartiers, des ruelles, ( les Traboules, dans le Vieux Lyon ) et des parcs (comme le Parc de la Tête d'Or ) !

La diversité de culture, la formation pédagogique et la connaissance livresque firent que des affinités s'établirent, des amitiés se nouèrent et des contacts ultérieurs au colloque allaient se faire entre les membres des différents groupes. Une des finalités visées par les organisateurs !

Madame I.J., grassoise, m'invita chez elle, dans sa commune de Grasse, la capitale mondiale des parfums et des fleurs, dans les Alpes-Maritimes.

Ainsi, nous nous donnâmes rendez-vous deux ans plus tard.

Elle se proposa de me faire visiter et découvrir les trésors floraux et olfactifs de sa ville afin de m'en imprégner - ayant su que j'avais ce penchant de poète vers les parfums, les fleurs et l'odeur des petits bois.

En effet, dans mon enfance et ma jeunesse, mes moments de bonheur étaient ces longues promenades dans les pinèdes, les cédrées, tout autour de ma ville natale : Azrou. Ce qui m'avait beaucoup marqué. J'eus très tôt la vocation d'aimer cet élixir de la Nature et, depuis, je ne pouvais m'en passer.

Arrivé à Grasse, je devais suivre le plan qui me fut envoyé par ma correspondante, sans faute, pour ne pas m'égarer, ni dans les sentiers si étroits, ni dans les quartiers si espacés et si loin les uns des autres.

Nous devions nous rencontrer au coin de la rue de l'Oratoire, Grasse, Centre historique. Il fallait aussi marcher jusqu'au Cours et Notre Dame des Fleurs/Montelly, afin de récupérer son véhicule et nous diriger tout d'abord à l'hôtel Bonnamour où j'avais pu me réserver une chambre quelques temps à l'avance, via le site Internet, pour une petite semaine.

Le programme que I.J. me réservait était des plus chargés pour cette petite semaine, car elle voulait réellement me faire connaître le maximum de choses de sa ville, Grasse.

La visite de la maison du patrimoine Grasse : ville d'art et d'histoire de la préhistoire au XXIe siècle où je devais me rendre compte du savoir-faire des Grassois, de génération en génération.

Une chambre d'hôtel au boulevard Pasteur était un bon choix, c'était presque le centre de la ville. Cela me permettait de commencer mon périple de découverte du trésor floral de cette cité par la visite de la parfumerie Fragonard, puis suivre l'avenue Pierre Zillet, Magagnosc, pour aller visiter Châteauneuf-de-Grasse. Sur les bords de la route , on pourrait voir défiler les bougainvilliers, les iris de toutes les couleurs, de toutes les formes, répandant une sorte de lumière, de transparence dans la brèche entre le ciel bleu serein, l'intellect et les sentiments qui nous animaient.

Ma compagne et mon amie I.J. était, on ne pouvait plus, heureuse, fière et plus bavarde que d'habitude. Je la comprenais !

Elle parlait, elle parlait afin de faire apprécier les parcours, les lieux de visite ou de promenade.

Ce ne fut qu'en traversant la Blanquière ou "Les fleurs de Grasse, de "Blachia" : terre parsemée de chênes, que je m'aperçus de la beauté, du secret des splendeurs florales de cette commune.

De l'autre côté, il nous fallait prendre la route de Plascassier jusqu'au lieu dit : Châteauneuf-de-Grasse, lieu quasi mythique, puisqu'il représentait la dernière demeure avant de s'éteindre, de la célébrissime chanteuse des années cinquante et soixante du siècle dernier : Édith Piaf. Elle y a vécu ses derniers jours, paraît-il !

Oui, cette chanteuse que je découvris, très tôt, en mon enfance, sur une pochette d'un 33 tours et dont j'entendais la voix interpréter ses succès à la maison de Georges Dubouneau, patron de mon père dans l'entreprise coloniale française qui exploitait les ressources minières du Moyen Atlas.

Que de souvenirs !

Le présent me paraissait venir compléter le passé, sans hiatus.

J'étais dans la continuité.

Je ne savais pourtant pas pourquoi je gardais encore ces jours-là, durant mon court séjour chez mon amie I.J. les mêmes interférences livresques qui m'obsédaient l'esprit en flânant à travers les bois de la banlieue de Grasse.

Je me rappelais les"Rêveries du promeneur Solitaire" de Jean Jacques Rousseau dans le vallon des Charmettes que j'avais visité tout au début des échanges interculturels à Annecy. Je me souvins de cette phrase, entre autres :"(...) j'ai peu vu d'hommes heureux, peut-être point, mais j'ai souvent vu des cœurs contents..."

Ah ! La beauté du site, du bois, du sous-bois, de cette propriété hantée par l'esprit du grand philosophe et les fleurs comme ici à Grasse, en compagnie de la plus gracieuse des fleurs entre les fleurs : I.J. Elle ne pouvait être que l'unique et rarissime rose/fleur des champs dans l'absolu !

Moi, qui faisais ce périple pour découvrir La Fleur ! Il me semblait l'avoir trouvée. Son nom : tous les noms des fleurs et roses de Grasse. Elle, la gracieuse parmi les Grassoises !

Dans mes rêveries solitaires, je pensais aussi à Julien Sorel et son idylle avec Madame De Rénal, avant d'aller à la conquête de Paris et s'éprendre de la fille du Pair de France, Mathilde : une autre fleur parmi les fleurs du champs de Mars près de la Tour Eiffel !

Dans mon esprit foisonnaient des images où s'alternaient des phrases de méditation et de torpeur. Je semblais être transcendé par un chaos nietzschéen qui finissait par m'animer intensément mais qu'il me fallait désespérément ordonner, sans me laisser perdre dans la confusion et l'embarras.

J'étais toujours un enfant et j'avais besoin d'un guide pour pouvoir raconter plus tard une histoire romancée.

J'optai alors pour la simplicité, au contact direct, au rôle de récepteur. Je me préparais à tout et à rien. Je décidai de laisser "le hasard" faire son travail providentiel.

Il était visible que je me perdais en différentes idées improductives qui me menaient toujours au questionnement sur l'absurdité et l'absurde de la vie, sur la Candeur de mon esprit, sur la naïveté de mes décisions.

Mon voyage allait finir trop vite à mon goût !

Je suis venu. Je l'ai vue, ma fleur. Je vainquis ma peur et ma timidité.

Je devais prendre mon envol vers mes terres, mon Bled et mes histoires à ne pas en finir ! Riche de connaissance, de découvertes, guéri de mon Mal, l'esprit ressourcé, rajeuni de cœur et de raison, avec surtout une joie de vivre et même très longtemps !

       Abdelmalek AGHZAF,

                                          Ksar El-Kébir, le 28/03/2014.

Ville de Grasse, capitale mondiale des parfums et des fleurs.

NOUVELLE INÉDITE :

L'enfant et le violon

La grande salle des fêtes de l'observatoire de musique était archi comble. Il y avait autant d'apprenants que d'amateurs et de connaisseurs.

Le maître formateur se rendit compte, en quelques minutes, avant le récital, de son passé, quand il était encore un enfant, du long parcours qu'il devait suivre avant de devenir ce qu'il fut à présent : Maître de violon incontesté au conservatoire.

D'abord ce fut sa vocation, depuis son jeune âge, ensuite l'école normale supérieure des arts et enfin professeur de violon qu'il était devenu. Toujours est-il qu'il continuait ses études supérieures à l'école des beaux arts à Tanger, pour enfin décrocher son master ou même avec un peu de chance son doctorat es musique orientale.

Au bled, il n'y avait qu'une école très rustique où on devait recevoir les quelques cours élémentaires d'un savoir trop compliqué de la part de quelques instituteurs pas toujours présents là à cause d'un absentéisme volontaire ou involontaire

Moha passa tout son temps à jouer, à gambader de par les champs couvrant toutes les collines aux alentours des quelques maisons constituant leur "Douar" hameau.

Le jour où il découvrit, chez son oncle maternel le fameux instrument produisant des sons de musique locale : Le Violon. Ce fut pour lui le grand jour et même le grand changement de sa vie.

Il décida d'en fabriquer un, proprement à lui. À l'aide d'un bidon à huile de moteur vide, de cordes des poils de queue de la jument de son grand père et de la résine de la sève de quelques sapins des environs.

Sa trouvaille fut pour lui un succès, alors que pour sa mère cela ne signifiait qu'une déroute et une voie vers la débauche contrairement à l'ambition familiale : aller à l'école, faire des études pour devenir plus tard Caïd ou Avocat ou juge. Là, maintenant, avec cet instrument/jouet auquel Moha consacrait tout son temps le jour comme la nuit (dans ses rêves), le souhait de la chère maman allait s'évaporer comme par enchantement !

- Quoi ? Devenir "Cheikh" (entendez : artiste, musicien, chanteur populaire !), allant de fête en fête présenter ses numéros, en compagnie de femmes d'une certaine moralité ? Non, quelle risée allons-nous devenir aux yeux des gens du hameau ? !

Personne en la famille de Moha ne pouvait, ni ne voulait comprendre l'importance de cet instrument : le violon, à l'état primitif, tel qu'il l'avait fabriqué ! On ne devait pas le prendre au sérieux.

Des années passèrent et tout le monde dans la famille de Moha commençait peu à peu à comprendre l'importance et le sens de cet apprentissage artistique qu'on ignorait jusqu'alors, qu'on n'appréciait guère.

Dans les esprits, les choses n'allaient pas si vite. Il fallait être patient et rester passionné avec opiniâtreté. Une vocation, ça se vit, ça mûrit, ça prend le temps qu'il faut !

Il lui fallait donner du temps au temps !

Quand il était à l'école normale supérieure, il ne pouvait dire à sa famille les études qu'il poursuivait ni ce qu'il allait devenir sinon professeur.

Il savait que parler à sa mère ou à son père du violon, de la musique comme étant ses études, allait lui attirer la malédiction des parents et ce n'était pas son désir.

Une fois devenu professeur de l'éducation artistique dans un établissement scolaire de l'État, lui permit enfin de parler avec assurance de sa vocation comme étant un vrai métier, rémunéré, comme tout un fonctionnaire du ministère de l'enseignement.

Sa mère, son père, les habitants du "Douar" allaient maintenant approuver ce choix !

On était bien loin des centres urbains : des villes, de la civilisation, de l'éducation artistique, de l'appréciation de la bonne musique (classique ou orientale), nourriture de l'âme !

Personne dans ces hameaux ne pouvait avoir à l'esprit qu'il suffisait d'apprendre à jouer d'un instrument de musique : piano, flûte, luth ou violon pour accéder à des valeurs humaines si hautes ou donner image d'une grande âme, d'un penchant vers un des sept arts appréciés par les grandes cultures et les grandes civilisations, que la musique pourrait élever son maître au rang des personnes notoires, célèbres, respectées voire riches moralement et matériellement.

À la campagne, la vie était dure. Le travail de la terre ou l'élevage exigeait une force de muscles et de caractère aussi bien chez l'homme que chez la femme. La musique était celle du labeur continu pour vivre. Le chant et la musique étaient relégués au deuxième rang. Ils étaient une affaire de troubadours, de gitans, de tziganes, libertins pour la plupart, détachés de la terre, n'avaient et ne pouvaient avoir de responsabilité familiale.

On ne pouvait alors voir d'un bon œil ni imaginer un membre de sa famille devenir "Cheikh" (musicien/chanteur), encore moins une jeune fille s'intéresser plus à ce jeu d'instruments de musique et délaisser son rôle naturel et ancestral de se marier, d'enfanter, de s'occuper de son mari, de son foyer, de sa terre et de ses animaux de la ferme.

Il fallait aller vivre en ville : la cité/civilisation, de l'ancien grec : civitas. Là où les arts prospéraient, s'appréciaient et constituaient en quelque sorte une composante essentielle de l'essor d'une culture et de sa prospérité.

On continuait toujours de croire en cette fable : "La cigale et la fourmi" et on en perpétuait la morale dans l'éducation, de génération en génération.

Le destin allait changer la mentalité. Moha commença à faire comprendre à sa mère, maintenant qu'il était devenu professeur de musique, que l'art, comme toute autre matière du savoir humain, pouvait faire vivre son homme et le faire respecter.

Elle finit par comprendre et n'hésita nullement à exhorter son plus jeune garçon et sa plus jeune fille à regagner l'observatoire de musique de la ville de Tétouan afin de suivre la voie de leur frère aîné.

Plus encore, le jour où Moha vint annoncer à sa mère qu'enfin il trouva celle qui allait devenir son épouse parmi ses propres élèves au conservatoire, qu'elle aussi aimait jouer du violon, en plus, elle était professeur de langue. Elle ne s'y opposa guère. Au contraire, elle le félicita et lui demanda de la lui présenter, les jours suivants. Elle bénit leur liaison artistique et matrimoniale.

Elle finit par louer le bon Dieu pour avoir assuré l'avenir de son fils de son vivant !

Voilà que Moha se voyait réussir à faire aimer l'art de jouer du violon dans un milieu rural. Là où le système éducatif et les programmes scolaires figés échouaient à ouvrir les esprits et à faire apprécier les arts qui, jusque-là, ne se développaient qu'en ville : berceau des beaux arts !

ABDELMALEK AGHZAF

Ksar El-Kébir, le 02/04/2014.

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